Archivesnovembre 2011

Tu fais confiance à ton dentiste… ?

Quand je dépannais encore les PC, il y avait parfois des utilisateurs d’un genre un peu agaçant. Je suis sûr que vous en avez déjà rencontré. C’est Joe qui ne comprend pas que vous ne sachiez pas faire fonctionner son pu$*@&£+&! de pilote pour sa carte WiFi sous Windows.

Sauf que moi, je ne développe pas de pilotes pour Windows. Je fais plein d’autres choses, mais pas ça. Mais Joe ne comprend pas.

Ben tu devrais savoir comment réparer ça ! Je croyais que tu avais fait des études d’informatique ?

Je crois que dans ce cas, la meilleure réponse à donner, c’est une question:

Tu ferais confiance à ton dentiste pour t’opérer les yeux ? Après tout, il a fait des études de médecine !

Meh.

C’est SebSauvage qui l’a écrit sur son blog avec comme titre Tu devrais savoir réparer ça !. Et c’est sous licence Creative Communs BY-NC 2.0.

De l’art de faire des sondages et de savoir ce qu’ils valent (ou pas)

Illustration sondage

Les faits

On peut lire sur le site boursier.com un article intitulé : 32 % des Français souhaitent le retour du Franc.

En fin d’article, on a la précision suivante :

Ce sondage a été réalisé par téléphone les 3 et 4 novembre auprès d’un échantillon de 1 016 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

Le calcul

Après avoir vérifié le nombre de personnes habitantes en France métropolitaine et dans les DOM, estimé à 65 026 885 habitants — que nous arrondirons à 65 000 000 habitants —, on peut facilement avec une petite règle de trois vérifier ce que représentent ces 1 016 personnes interrogées par rapport aux 65 000 000 de la population :

(1 016 × 100) / 65 000 000 = 0,00156307692…

En arrondissant gentiment le résultat à 0,0016, leur échantillon de personnes interrogées ne représente en fait que 0,0016 % de la population française.
Je vous laisse le soin d’interpréter les résultats…

La méthode

Il est précisé que le sondage a été effectué avec la méthode des quotas. De quoi ça s’agit ?[1]

Le principe

Après quelques recherches sur Internet, voilà des éléments de réponses :

On suppose que si l’échantillon reproduit fidèlement certaines caractéristiques de la population étudiée (et peut donc être considéré, par abus de langage, « représentatif »), alors il sera également à même de reproduire d’autres caractéristiques non contrôlées et/ou contrôlables qui constituent l’objet même de l’enquête.

[Par exemple] Si la population se compose de 50% d’hommes, on imposera à l’enquêteur chargé de réaliser 10 interviews un quota de 5 hommes pour 10 personnes enquêtées… si la même population comporte 10% d’agriculteurs, il devra y avoir une et une seule interview d’agriculteur…

écrit Oliviero Marchese. Vous pouvez aussi voir chez mon ami Google pour d’autres résultats.

Donc grosso modo, on choisit un certain nombre de critères (sexe, âge, profession, catégorie sociale, …) dont on connait — ou on estime ? — leur représentation par rapport à tous les français, et on décide — arbitrairement, financièrement, … ? — un nombre de personnes à interroger. Puis on rapporte ses proportions à notre échantillon, et l’on sait ainsi qui et combien de personnes dans chaque « catégorie » on va interroger. Voilà notre sondage terminé.

Enfin, on dit que le résultat trouvé pour cet échantillon avec la méthode des quotas, correspond à la population française.

Les limites

Je vais juste vous citer le site analyse de données :

Cependant, cette méthode (la moins onéreuse) a des limites qu’il faut préciser et qui permettent de comprendre pourquoi les sondeurs se trompent dans temps en temps :

  • Cette méthode repose sur l’hypothèse que l’information que l’on souhaite obtenir est corrélé avec la population. Ce n’est qu’une hypothèse de représentativité qui est difficile à démontrer voir impossible.
  • Le choix des individus sélectionnés par des enquêteurs lors de la méthode des quotas ne permet pas de calculer des probabilités d’appartenance à l’échantillon. Ceci entraine une difficulté de calcul d’erreurs et donc de précision de l’analyse.

Bref…

J’ai toujours pris les sondages (en particulier d’opinions) avec des pincettes — quand je ne m’esclaffe tout simplement pas devant certaines publicités vantant les mérites de tel produit et cliniquement prouvé à 90 % (avec en petit échantillon réalisée sur 20 personnes) —, mais j’ai vraiment du mal à me dire, même avec la meilleure méthode du monde, que la réponse de 1 000 personnes peut réellement correspondre à celle de 65 000 000.

Sur ce, je vous souhaite une agréable soirée !

Notes

[1]  C’est Gad Elmaleh qui l’a dit le premier.